D’où vient l’eau souterraine du Bassin de Thau ? Comment se renouvelle-t-elle et à quel débit alimente-t-elle la lagune ? Peut-elle être exploitée et en quelle quantité ? Comment prévenir les phénomènes d’inversac de la Vise et de salinisation des eaux souterraines et thermales? C’est pour répondre à ces questions qu’a été lancé, en 2017, le programme de recherches Dém’eaux. Pilotée par le BRGM et de nombreux partenaires* dont le SMBT, cette étude prévue jusqu’en 2022 vise à caractériser à la fois la géologie, l’hydrogéologie et la géochimie du Pli Ouest. Principale ressource locale en eau du bassin de Thau, ce vaste aquifère karstique, composée de calcaire de l’époque jurassique, s’étend sur plus de 900 km2 entre le massif de la Gardiole, Villeveyrac et la mer. L’analyse de l’eau, prélevée sur des centaines de forages (dont certains réalisés spécialement pour cette étude), de la source sous-marine de la Vise (équipée d’instruments de mesure en 2019) et des sols, via différentes techniques (sismique réflexion, sismique passive, gravimétrie, résistivité) va permettre de développer un modèle géologique 3 D du sous-sol, jusqu’à près de 4000 mètres de profondeur. Cet outil numérique permettra de reproduire la dynamique des eaux dans l’aquifère, de sa recharge par les pluies aux flux d’écoulement vers les sources ou le milieu profond. Différents scénarios pourront ensuite y être simulés afin d’éclairer les pouvoirs publics sur la capacité de ce réservoir et les prélèvements possibles. L’un des objectifs étant de maîtriser les risques d’inversac et les menaces que cela génère sur l’activité thermale. D’un montant de 5,2 millions d’euros, partagé en deux sites d’application (Plaine du Roussillon et Thau), ce programme devrait servir de démonstrateur pour d’autres systèmes karstiques du bassin méditerranéen.
*Le SMBT, l’Europe, l’Etat (Dreal), la Région, l’Agence de l’eau, la métropole de Montpellier, la ville de Balaruc les Bains et de nombreux partenaires scientifiques (CNRS, Géosciences Montpellier, Synapse informatique) sont associés au programme DEM’EAU-Thau actuellement piloté par le BRGM.