
Un projet imaginé par le Syndicat Mixte du Bassin de Thau et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), avec le soutien de nombreux partenaires, pourrait bien faire du territoire de Thau un précurseur national, voire international, dans la lutte contre la salinisation des nappes d’eau douce.
Ce phénomène, appelé inversac, se manifeste de manière ponctuelle dans la lagune de Thau. Pour rappel, l’inversac est un phénomène qui fait entrer de l’eau salée de la lagune dans l’aquifère et pollue la réserve d’eau douce du territoire. Il survient lorsque la pression de l’eau douce diminue, laissant place à l’infiltration d’eau salée dans les nappes phréatiques. Un déséquilibre fragile, amplifié par le changement climatique et la pression croissante sur la ressource.
15 jours de travaux pour protéger la source
Les travaux se sont déroulés entre le 1er et le 15 juillet 2025, en milieu subaquatique, avec l’intervention de plongeurs professionnels. Ils ont permis la mise en place d’un dispositif de régulation inédit au niveau de la source de la Vise, conçu pour moduler les échanges entre les eaux souterraines et la lagune de Thau.
Il s’agit d’un système, permettant de gérer les débits entrants et sortants, selon les besoins, ainsi que de capteurs et sondes de mesure pour recueillir des données en temps réel. Ce mécanisme pourrait empêcher l’eau salée d’entrer, ou préserver l’eau douce en empêchant qu’elle s’échappe.
Un projet réversible et reproductible
Face aux enjeux croissants liés au changement climatique et à la pression sur la ressource en eau, ce dispositif représente un véritable espoir d’innovation maîtrisée. Pensé pour être entièrement démontable, il a été conçu dans une logique de réversibilité, afin de limiter tout impact sur le milieu en cas de résultats non concluants.
Michel Garcia, vice-président du SMBT, a d’ailleurs rappelé que rien n’était irréversible dans cette démarche : le dispositif peut être retiré si nécessaire, garantissant ainsi une expérimentation respectueuse de l’écosystème lagunaire. Cette approche responsable permet d’agir avec prudence tout en préparant des solutions concrètes pour l’avenir.
Le principe de précaution est au cœur du projet, ce n’est pas une opération risquée, mais bien un test, une expérimentation.
Si les résultats sont concluants, le système pourrait devenir un modèle reproductible pour d’autres territoires confrontés aux mêmes enjeux, en France ou ailleurs.
Le lancement officiel de cette nouvelle phase s’est tenu le 8 juillet 2025 sur le site de la ferme des Poissons du Midi, juste en face de la source de la Vise. Autour de la table : des représentants du BRGM, du SMBT, de la Préfecture de l’Hérault, de la Région Occitanie, du Département de l’Hérault, de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, de Sète Agglopôle Méditerranée, de la commune de Balaruc-les-Bains, mais aussi des Thermes, des conchyliculteurs et pécheurs, des scientifiques, des élus locaux et de nombreux journalistes.