Le changement climatique ne se discute plus, il s’impose. Dans le bassin de Thau, son impact frappe au cœur de l’économie locale. La conchyliculture et la pêche voient leur résilience économique directement menacée par des épisodes de chaleur extrême et une salinité en dangereuse fluctuation. Face à cette urgence, une décision forte vient d’être actée. Le 9 décembre 2025, le Comité Syndical du Syndicat mixte du bassin de Thau a unanimement validé son rôle de pilote pour une étape décisive : préparer une possible expérimentation d’apports d’eau douce dans la lagune.
L’épée de Damoclès climatique sur la lagune
Pour les ostréiculteurs et pêcheurs de l’étang, la menace n’est pas un concept abstrait. « Les coquillages sont des sentinelles, ils trinquent les premiers », pourrait-on résumer. Les variations brutales de salinité, accentuées par les sécheresses estivales, stressent les organismes, perturbent leur croissance et peuvent menacer les élévages. Dans ce contexte, l’idée d’un apport maîtrisé et ponctuel d’eau douce, depuis le fleuve Hérault voisin, émerge comme une alternative potentielle pour stabiliser le milieu lagunaire. Une solution simple en apparence, mais complexe dans sa mise en œuvre, tant les équilibres écologiques sont fragiles.
De l’étude scientifique à l’action : la feuille de route se précise
L’État a lancé dès 2022 une première analyse confiée à l’Ifremer. Depuis, une vaste étude scientifique a permis de modéliser finement le fonctionnement du bassin versant et de la lagune. En 2025, des scénarios réalistes ont été définis par les experts au sein du Réseau d’Observation Lagunaire. La modélisation se poursuit. Restait à passer de la théorie à la pratique, avec prudence et méthode.
C’est désormais chose engagée. En se portant maître d’ouvrage, le SMBT endosse la responsabilité de construire, en toute transparence, la feuille de route indispensable avant toute action sur le terrain. Cette préparation minutieuse comprendra :
- La définition précise des volumes d’eau et des ouvrages à utiliser.
- L’étude technique et environnementale des impacts.
- Une large consultation de tous les acteurs (professionnels, habitants, associations).
- Le cadrage réglementaire et la recherche des financements.
Une décision pivot pour la résilience économique
Cette validation marque le signal clair d’une volonté politique d’avancer concrètement face au l’urgence climatique. Elle marque la transition entre des années d’alerte, d’observation et d’études, et une phase active de préparation à l’adaptation. Pour les filières de la pêche et de la conchyliculture, dont la survie économique est intrinsèquement liée à la santé de la lagune, c’est un message de reconnaissance de l’urgence à agir.
L’expérimentation incarne la nécessaire adaptation, fondée sur la science et le dialogue, que les territoires littoraux doivent engager pour préserver les écosystèmes et les activités humaines qui en dépendent. Sur le bassin Thau, la décision prise par le Comité Syndical ouvre résolument cette voie.
